15/11/2025 francais.rt.com  4min #296362

Verdun : une messe en hommage à Pétain déclenche une vive polémique, le préfet saisit la justice

© X / Le Parisien

Manifestation devant l'église Saint-Jean-Baptiste de Verdun, le 15 novembre 2025, à l'occasion de la messe controversée en hommage à Philippe Pétain.

Malgré l'interdiction du maire de Verdun, une messe en hommage à Philippe Pétain s'est tenue le 15 novembre dans l'église Saint-Jean-Baptiste. Une vingtaine de membres de l'ADMP y ont assisté discrètement, tandis qu'une centaine de manifestants exprimaient leur opposition à l'extérieur. Le préfet a saisi la justice pour « propos révisionnistes ».

Le 15 novembre 2025, une messe organisée par l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP) s'est tenue à Verdun, dans l'église Saint-Jean-Baptiste. Le maire de la ville, Samuel Hazard, avait tenté de l'interdire en raison de risques de troubles à l'ordre public, mais son arrêté a été suspendu par le tribunal administratif de Nancy. Le juge a estimé que ces risques n'étaient pas suffisamment établis.

L'office religieux, autorisé par l'archevêque de Metz, a réuni une vingtaine de fidèles, tous membres de l'ADMP. Fondée en 1951, cette association milite depuis plus de 70 ans pour réhabiliter la mémoire de Pétain. L'accès à l'église était filtré : les participants sont entrés discrètement par une arrière-porte, tandis qu'une centaine de manifestants, accompagnés d'élus locaux, protestaient sur le parvis. Parmi eux, on pouvait lire des messages comme « Catho pas facho ».

Réactions politiques et saisines judiciaires

La tenue de la messe a provoqué une vive réaction du maire : Samuel Hazard a exprimé son « dégoût » et dénoncé une cérémonie « inconcevable » à Verdun, lieu symbolique. Il a également critiqué le rôle de l'autorité ecclésiastique, regrettant que « l'archevêque de Metz n'ait pas renoncé à cette célébration ».

Le préfet de la Meuse, Xavier Delarue, a assuré avoir pris toutes les mesures nécessaires pour faire respecter la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État. Aucun discours politique n'était autorisé à l'intérieur de l'édifice. Pourtant, à la sortie de l'office le président de l'ADMP, Jacques Boncompain, a tenu des propos jugés problématiques. Il a affirmé devant la presse que Philippe Pétain était « le premier résistant de France » et que son procès en 1945 « ne répondait pas aux critères d'équité ».

Le préfet a annoncé avoir effectué deux signalements au parquet pour des « propos révisionnistes ». Il évoque également un possible détournement de la messe à des fins de propagande, en violation de la loi de 1905.

Mémoire divisée et tensions persistantes

Cette célébration a relancé les débats sur la mémoire du maréchal Pétain, héros de Verdun en 1916, mais aussi chef du régime de Vichy et condamné à l'indignité nationale en 1945 pour sa collaboration avec l'Allemagne nazie. Pour les membres de l'ADMP, il s'agit d'honorer le « vainqueur de Verdun ». Pour ses opposants, c'est une tentative de réhabilitation d'une figure condamnée par l'Histoire.

Le Consistoire israélite de Lorraine a dénoncé une « blessure pour tous les membres de la communauté juive ». Plusieurs voix ont aussi critiqué l'attitude de l'Église. « Je pense que mon Église cautionne l'antisémitisme, et je ne suis pas d'accord », a déclaré une manifestante.

L'office a été marqué par la présence de militants d'extrême-droite. L'un d'eux, Pierre-Nicolas Nups, a chanté « Maréchal, nous voilà » à la sortie de la messe, sous les huées. Le préfet a indiqué envisager également un dépôt de plainte contre deux personnes proches du Parti de la France pour harcèlement des forces de l'ordre.

Malgré l'absence d'incident majeur, cette messe à Verdun laisse un climat tendu. La polémique montre à quel point la mémoire du maréchal Pétain reste, près de 80 ans après la guerre, un sujet profondément clivant dans la société française.

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